L'oiseau de
bonheur |
La
conception du Choucas
Conçu par Claude Noin pour sa société Alpaéro, le Choucas a été conçu dés le départ comme motoplaneur ULM. Le strict respect du poids en charge et de la vitesse de décrochage lui ont fait choisir une configuration originale, une aile volante. Les ailes volantes ont eu une certaine popularité en vol à voile avec en Allemagne les magnifiques Horten d'avant-guerre puis en France les réalisations de Charles Fauvel, un précurseur du motoplaneur. L'aile volante est, en théorie, la forme la plus pure d'aéronef car elle permet de se passer d'empennage. Simplicité, poids et traînée d'empennage éliminés, gain de poids et de surface mouillée d'un fuselage plus court en sont ses principaux avantages. Afin de conserver des qualités de vol acceptables avec une stabilité positive en tangage, une aile volante utilise un profil autostable assez épais, d'une corde substantielle pour l'efficacité de la profondeur. Le longeron épais qui en résulte permet une nouvelle réduction de poids. En contrepartie, ce profil autostable traîne plus qu'un profil laminaire et sa corde importante d'emplanture diminue l'allongement de l'aile. Le résultat est une aile de faible charge alaire qui accroche remarquablement bien mais sera un peu pénalisée en transition. Parfaitement adapté à un motoplaneur ULM avec lequel on pratiquera un vol à voile de plaisance et qui profitera ainsi des moindres ascendances. En l'absence d'empennage
horizontale, les limites de centrage avant et arrière sont très proches. La
conception d'une aile volante ne s'improvise donc pas et il faut veiller que les
variations de la charge utile ne donnent pas de fortes variations de
centrage. C'est obtenu sur le Choucas avec les passagers, les réservoirs et
les bagages proches du centre de gravité. |
Réaliser un biplace ULM respectant le poids en charge de 450kg est difficile. Avec la quinzaine de mètres d'envergure d'un motoplaneur, c'est un tour de force. Les appareils commercialisés pèsent autour de 300kg à vide ce qui leur laisse une charge utile insuffisante pour deux personnes et de l'essence. La législation ULM n'impose qu'un facteur de +4/-2g. C'est insuffisant pour un planeur pour lequel la norme JAR-22 demande +5,3/-2,6g. Il faut également avoir une VNE substantielle et une aile raide en torsion pour éviter tout risque de flutter. Pour tenir le devis de poids serré d'un motoplaneur ULM, on peut craindre, malgré l'usage intensif du carbone, que le domaine de vol soit calculé au plus juste. Le gain de poids permis par la formule aile volante permet d'obtenir plus facilement une masse à vide compatible avec une charge utile décente. La hauteur du longeron et le caisson de bord d'attaque permet d'utiliser de véritables coefficients de sécurité de planeur sans grosse pénalité de poids. La législation ULM impose de respecter une vitesse de décrochage maximum de 65km/h. Avec la faible charge alaire de l'aile volante, c'est facilement obtenu. Faible poids, faible charge alaire font que le Choucas se contente d'une motorisation raisonnable. Avec moins de pièces à réaliser, sa construction est plus rapide et économique. Enfin, le fuselage plus court est moins encombrant dans un hangar. Comme dans la conception des voiliers, il n'y a pas de solution universelle, quillard, dériveur, biquille, etc… mais de bons choix à effectuer pour le programme visé. Aile classique, canard ou aile volante ont chacune leurs qualités et leurs défauts et seront plus ou moins bien adaptées à chaque catégorie d'aéronef. L'analyse montre que l'aile
volante est un choix très judicieux pour un motoplaneur ULM pour respecter le
poids maxi avec une charge utile correcte en biplace et un facteur de
sécurité correspondant à une utilisation en vol à voile. |